Gérard Marula - Le non-conformiste
Dans son odyssée littéraire « Remonter la Marne », Jean-Paul Kaufmann nous fait partager ses rencontres avec ces hommes et ces femmes qui rentrent en dissidence et pratiquent la
stratégie de l’évitement.
« Ils ne sont pas pris dans le jeu et vivent en retrait. Ils ont appris à esquiver, à résister et savent respirer ou humer un autre air, conjurer les esprits malfaisants. »
En rencontrant Gérard Marula j’ai rapidement compris que j’avais affaire à un de ces indociles, un de ces insoumis qui ne se conforment pas au jugement des autres ni à la prétendue expertise de ceux
qui savent.
Parce que ses vins sont issus de fruits mûrs, qu’ils sont peu extraits, qu’ils ne sont pas sulfités, et par conséquent redoutablement digestes, parce que ses vins ne sont pas dans la
norme de ces chinons modernes, il arrive parfois que les jurys d’AOC (Appellations d'Origine Contrôlée) lui fassent payer cher son insoumission et refusent de donner l’agrément, le
précieux sésame qui permet de vendre en AOC.
Peu importe qu’ils soient parfois déclassés en vins de France (2008, 2010,2011) et peut-être même tant mieux car ce principe est dévoyé. Les AOC (ne jouent plus leur rôle originel et ne sont
plus au fond que les garantes d’un produit standardisé et ennuyeux. Dans le cas de Chinon, la fausse typicité du Cabernet Franc récolté en sous maturité, vinifié le plus souvent avec des
levures exogènes, et surchargé de sulfites est devenue la norme.
Gérard Marula travaille ses vignes (80 ares sur Chinon) avec respect et conviction, la taille est courte, les rendements modestes et parfois même ridicules. La qualité est à ce
prix et notre homme ne fait pas partie de ces vignerons prêts à la moindre compromission.
Indocile, insoumis, hors-norme et hors-classe.